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Richard Blanc, porte-parole du lait équitable « JE SUIS LIBÉRAL MAIS PAS INDIVIDUALISTE »

© J. P.

C'est parce qu'il veut redonner au paysan la maîtrise de son produit que Richard Blanc, après avoir assuré la transition à la tête de l'Apli , a décidé de consacrer son énergie au lait équitable.

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Le discours tranche, la vision entrepreneuriale et libérale du métier d'agriculteur est assumée sans complexe par cet éleveur installé en Gaec, sur 327 ha et plus de 2 millions de litres de quota laitier, à Wallers-en-Fagne (Nord).

« C'est parce que mon père s'est modernisé avant moi que je me suis installé. Aujourd'hui, à 57 ans, je n'ai pas à avoir honte de ce que je possède. Je fais ce métier pour gagner ma vie et je mets en oeuvre tous les moyens modernes pour y parvenir », explique Richard Blanc.

MISER SUR LE COLLECTIF

Lorsqu'il s'associe avec son beau-frère, en 1990, ils arasent haies et talus pour créer un bloc de 200 ha d'un seul tenant autour des bâtiments. En 1991, ils n'hésitent pas à quitter Nestlé pour passer la frontière et livrer à la coopérative belge Milcobel qui propose un meilleur prix du lait. Au rythme du regroupement de leurs exploitations, les quatre associés du Gaec apprennent à gérer en commun les risques liés à la conduite d'un grand troupeau. « Je m'épanouis dans la construction collective du projet d'entreprise. C'est une dimension que je retrouve dans le défi que représente le lait équitable. C'est pourquoi j'ai quitté la présidence de l'Apli, pour m'impliquer au sein de France Milk Board. »

SUR LE FIL DU RASOIR.

Ancien responsable FDPL, la carrière de Richard Blanc ne traduit pas cependant un profond engagement syndical. « Je ne suis pas un contestataire. » Mais l'émergence de l'Apli et de son corollaire belge, le Mig, trouve un écho au plus profond de ses aspirations, à l'heure où les associés du Gaec aspirent à améliorer leurs conditions de travail dans un contexte économique difficile. Il s'engage avec ferveur pour la grève du lait. Le stress occasionné explique- t- il l'accident cardio-vasculaire dont il est victime au plus fort de la crise de 2009 ? Le couperet passe tout près, mais sa détermination ne fléchit pas. « Sur son lit d'hôpital, je lui faisais chaque jour un compte rendu des actions de l'Apli », se souvient Véronique, son épouse. « Le lait équitable, défendu par FMB, c'est le rêve de ma vie », assène Richard Blanc, dont l'engagement n'a pas convaincu tout le monde dans les rangs de l'Apli.

SE RÉAPPROPRIER LA VENTE.

Ce profond libéral, comme il se définit, ne voit pas de contradiction avec l'ambition de réguler la production laitière, au contraire : « Pour les éleveurs, gérer les volumes mis en marché pour peser sur le prix, c'est reprendre en main la maîtrise commerciale de leur produit. » Au printemps, il entame le marathon des réunions à travers la France pour convaincre d'investir dans le projet de lait équitable, sous le regard inquiet d'une épouse qui craint pour sa santé, mais avec l'approbation de ses associés, dont son frère Éric : « Ce temps passé à l'extérieur est un combat qui en vaut la peine. »

JÉRÔME PEZON

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